L’AIR d’APRÈS
Vis dans le Vide
ESTHÉTIQUE DE LA CHUTE
Au jeu du risque, « les volants » sont les premiers à penser à leur sécurité. Tapis de sciure dès Léotard, puis filet, longes et auto-longes aujourd’hui, sont autant de rappels à l’ordre pour ces « icariens » de la piste. Les esthétiques du vol, sont finalement aussi des esthétiques de la chute, celle qui est imaginée, crainte, jouée. Celle qui marque les corps et emporte aussi ceux qui n’ont pu rattraper les mains de leurs partenaires.
Les compagnies contemporaines jouent aujourd’hui des possibilités multiples offertes par l’agrès entre le vol et la chute. Au jeu du mythe du surhomme s’ajoute d’autres paradigmes corporels, faisant écho aux troubles de nos sociétés contemporaines, conscientes des risques et des fragilités de notre humanité. (Source BNF)
C’est de l’espoir que naît le projet « Vis dans le Vide ».
La chute d’un agrès, la chute au sol, l’effondrement d’une accroche sur laquelle on se suspend. Autant de situations dangereuses auxquelles nous pouvons être confrontés en tant qu’acrobates aériens. Travailler main dans la main avec le risque est le propre du cirque, que ce soit pour le clown, le jongleur, l’équilibriste ou encore le voltigeur. Le risque de chute est au dessus de nos épaules.
« Vis dans le Vide » a son point de départ d’une expérience vécue. La chute d’un grand trapèze volant, le « trapèze volant pyramide », récupéré de la Compagnie les Arts Sauts.
La volonté plus forte que l’accident a permis aux artistes de la compagnie Crazy R de se relever, de rebondir, afin de créer une oeuvre unique. Le collectif ne cherche pas de responsable mais il apprend. Universellement, un traumatisme resserre les liens.
Les artistes tirent des leçons, qui amènent chacun à grandir. Une fois digérée, la chute se transforme en protagoniste de l’écriture. Qu’elle soit volontaire, accidentelle, engendrée par un partenaire, plaisante…
Un travail rigoureux sur la technique de chute est nécessaire afin de pouvoir développer un large vocabulaire et rechercher sur l’agrès.
Le résultat de ces recherches nous amène à questionner l’Après.
Faire d’un moment traumatique une force.
Et c’est cette renaissance qui nous motive aujourd’hui à créer. C’est avec cette même structure que nous construisons le mini volant de « Vis dans le Vide ». Un agrès conçu pour défier la gravité. Impliquant des agrès de propulsions, de voltige, de grimpe et d’acrobaties. Une toute nouvelle structure permettant de servir le propos au plus près de nos attentes.
Nous convoquons l’aide de Frank Michel (artiste des Arts Sauts), présent lors de la chute initiale, afin de co-écrire le projet. Sa participation évidente fait partie d’une volonté commune de ramener la discipline du trapèze volant dans le paysage de la création artistique contemporaine.
C’est en innovant que l’on questionne l’art, et de ce fait, en créant son propre agrès et en provoquant son vécu, son expérience et son point de vue d’auteur.